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Naissance d'une passion

A cette époque, j'adore Fred Méla, le soliste des Compagnons de la Chanson : "Verte campagne, où je suis né...", "Et les cloches sonnent, sonnent..." chantent-ils avec Edith Piaf. Il arrive de temps en temps, qu'un bonhomme passe dans la rue pour vendre des partitions des chansons populaires. J'achète ces partitions, j'aimerais tellement un jour chanter avec Fred Méla, ou mieux encore, à sa place. Je rêve de le rencontrer, ce que je ferai plus tard, lors de galas communs.

Mais mes goûts changent en ces années 60. Le Rock and Roll fait fureur dans la jeune génération, au grand désespoir des parents. Eddy Mitchell et les Chaussettes Noires ont remplacé les Compagnons de la Chansons. Je monte avec mes copains de quartier mon premier groupe de rock. On n'a pas d'argent, avec nos économies l'un s'achète une caisse claire et une cymbale pour toute batterie, l'autre du bois, des cordes et autres ustensiles nécessaires à la construction d'une guitare "faite maison" et moi… un micro, un RCA, comme ceux que j'ai vu sur des pochettes de disques, avec une grosse grille de métal surplombant la base. J'emprunte, comme eux, le poste de radio (à lampes) de mon père pour brancher mon micro sur la prise peak-up pendant qu'il est au travail ; et on compose, sur deux accords (les seuls qu'on connaisse), notre première chanson : "Méfiez vous des Blondes, elles sont tou-outes les mêmes...". Whaou ! c'est inaudible, mais ça décoiffe !

 
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Naissance d'une passion

On essaie de s'améliorer en écoutant à fond les Chats Sauvages, les Chaussettes ou Johnny. Quelles références ! Les Presley, Bill Haley, Buddy Holly et autre Eddy Cochran ne nous sont pas encore arrivés aux oreilles, nous ne connaissons que les pâles copies et nous sommes bien pires qu'eux.

Heureusement, nous rencontrons chacun de notre côté des musiciens un peu plus performants, et j'intègre mon premier vrai orchestre "Les Médiators", à Poisat, à sept kilomètres de chez moi, où je suis regardé de travers par la chanteuse du groupe. Elle se fait appeler "Jenny". Elle toise avec dédain ce minet de quatorze ans qui vient rivaliser la vedette avec elle qui en a dix-huit.
(Les médiators)

Cette rencontre sera marquée, quelques mois après, par une relation plus… "intime". Relation qui mènera, bien plus tard, à l'écriture d'une chanson qui dira : "Première fille, première femme, que de rêves m'as-tu donné...", quelle histoire inoubliable dans le creux d'un de ces trous d'obus d'un terrain d'entraînement de l'Armée déserté : les militaires sont au défilé, c'est le 11 novembre…