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Chapître 7

Dans les rues de Paris

Dans le train qui m’emmène vers Paris, la distance qui me sépare de mes parents fait grandir en moi une sensation de liberté. Je suis sûr que cette nouvelle aventure va être La Grande Aventure.
Du haut de mes vingt deux ans, l’inconnu ne me fait plus peur. C’est au contraire la chance de ma vie, je vais pouvoir montrer à la terre entière ce que je peux faire.
- « Contrôle de billet, s’il vous plaît. »
Je sors fièrement mon titre de transport pour la terre promise.
Je colle mon nez à la vitre et vois le soleil disparaître petit à petit derrière des nuages. Le paysage devient plus vert, les champs de cultures défilent sous mes yeux. Aucun doute, je suis bien parti de chez moi !
Quelques huit heures après, je me retrouve sur un quai de la gare de Lyon. Paris ne me fait pas peur non plus, ce n’est pas la première fois que j’y “monte”.
Il ne fait pas aussi chaud que chez moi en cette soirée de septembre, je suis parti avec le soleil et il pleut à présent. Et puis, que de monde... Les gens semblent tristes, indifférents et si pressés.




 
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Dans les rues de Paris

Un sentiment d’inquiétude semble naître en moi, ai-je bien fait de partir ? Heureusement, au bout de ce quai, je vois mon ami musicien Jean-Louis Philibert, musicien du Sud lui aussi, mais qui vit en région parisienne depuis quelques années. La tête cachée derrière de petites lunettes ovales et le corps recouvert d’une longue gabardine, comme celles des westerns spaghetti, son sourire jovial me réchauffe.

- « Tu as fait un bon voyage ? Allez, viens, on nous attend. »

On s’engouffre dans le métro avec ses mêmes gens sans vie, sans âme, mais toujours aussi pressés. Une heure plus tard, on retrouve le bassiste des Chats Sauvages, Gérard Jacquemus, qui doit produire le disque. Enfin, tout cela est un peu flou, mais je le crois. Nous nous rendons chez un de ses copains dans le 15e arrondissement, promoteur immobilier, qui doit financer la production du 45 tours. La discussion s’engage et effectivement j’ai vu juste : c’est plus que flou. Je repars avec Jean-Louis quelque peu inquiet, même si, pour me remonter le moral, il cherche lui aussi encore à y croire. Nous arrivons chez lui et passons à table, notre conversation continue autour d’un bon goulache que nous a préparé sa femme Zizi qui est arménienne.