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Dans les rues de Paris

Les questions de mon père deviennent de plus en plus pressantes et je dois me résigner à lui avouer ma situation :
- « Ils ne veulent pas de mon inscription en fac, ils disent qu’il y a trop de monde.
- Alors tu rentres immédiatement.
- Mais je dois...
- Il n’y a pas de “mais”, tu rentres !
- Non, je reste, je dois enregistrer un disque.
- Alors, plus un sous ! Tu veux jouer au grand ? Prends tes responsabilités. »
Cette conversation me plonge dans un grand désarroi et me fait comprendre à quel point mon horizon ressemble au ciel parisien, tout gris. Le peu d'argent que j'ai d'avance va vite se tarir et je comprends bien que la réaction de mon père est, à ses yeux, le seul moyen de préserver mon avenir. Il est inutile d'espérer qu'il reviendra sur sa décision.
Et puis, comme toujours, lorsqu’on est en plein désarroi, qu’on semble tomber dans un trou noir sans fond, un rayon de soleil apparaît, comme pour tout balayer : je me décide à retourner voir Gérard Jacquemus pour lui demander où nous en sommes.

 
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Dans les rues de Paris

« - Tu tombes à pique, me dit-il, je vais te présenter Jean-Pierre Massiera. C’est avec lui que nous allons faire ton premier disque. C’est un compositeur qui est revenu il y a quelques mois d’Argentine et il a monté son propre studio d’enregistrement. Tu vas chanter des titres qu'il a écrit. L'un d'eux s'appelle "Carmen", c'est très rock et ça va te plaire. Mais tu vas chanter sous quel nom ? Le tien ou un pseudonyme ? »