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Le premier disque

Je désespère, je n’ai pas perçu mes royalties et je crois que je ne les toucherai jamais, j’ai l’impression que Gérard et Jean-Pierre se sont empochés les revenus et les garderons, les prétextes pleuvent à chaque entrevue et ne sont pas vraiment crédibles.

Je sens bien que je ne suis plus autant le bienvenue chez DECCA. Les bonjours se font sur la pointe des lèvres et seule une ou deux copines qui y travaillent me font encore les doux yeux. Je rentre depuis un an et demi, tous les soirs dans mon “réduit” et le temps s’écoule péniblement et noir comme l’encre. Déjà deux réveillons passés dans le froid, tandis qu’à une cinquantaine de mètres de là, j’entends les klaxons des voitures fêter la nouvelle année sur les Champs-Élysées.

Je n’ai plus de nouvelles de Gérard Jacquemus et de Jean-Pierre Massièra qui deviennent injoignables. Je pars donc à la recherche d’un nouveau producteur et rencontre des tas de gens bidon qui veulent me produire.

 
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Le premier disque

Un jour, j’ai rendez-vous avec l’un d’eux dans un bar rue de la Boétie, il se vante de faire de moi une star, il me dit connaître tout le monde :
- Tu vois, le mec qui joue au flipper, c’est Norbert Aleman, le producteur de David Alexandre Winter, je le connais lui aussi...
Il n’a pas fini sa phrase, que je me dirige droit vers lui.
- Bonjour, je suis Chris Gallbert.
- Oui je vois, répond-il en jetant un rapide regard interrogateur avant de se replonger dans sa partie de flipper.
- Je rêve de travailler avec vous, cela vous intéresserait-il ?

Norbert Aleman m’impressionne, car à mes yeux c’est un producteur qui sait s’occuper d’un artiste, mais il a aussi un charme de baroudeur et un charisme qui ne peut laisser insensibles les femmes comme les hommes d’ailleurs.

- Vous avez un téléphone ? Me demande-t-il.
- Non... Pas pour l’instant, je viens juste d’emménager dans un nouvel appartement.

Bien sûr, je mens, je suis toujours dans mon “cagibi” sous les toits de Paris, mais je sais qu’il faut attendre trois à six mois pour obtenir une ligne de téléphone auprès des PTT et cela me sauve. Il me donne alors sa carte de visite.

- Appelle-moi !