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Une si belle vie...
(1ère partie)


Je recommande à Véra et Nicolas, qui m'accompagnaient, de serrer fortement leur ceinture de sécurité. J'en fait de même. Nous arrivons au dessus de la barre rocheuse, l'avion reste étonnamment stable. A peine rassuré, je me sens entraîné vers le bas, le cri de Xyprus, son choc lourd au plafond, comme celui des bagages, me font comprendre que la turbulence est violente. Une douleur me frappe à la tête et m'assomme, j'ai toute la peine du monde pour sortir de cette perte de connaissance. L'avion plus lourd que nous m'a fait taper la tête sur le plafond. Un voile orange me cache la vue, l'avion semble incontrôlable et perd de l'altitude. Ma vue revient enfin et je m'aperçois que nous ne sommes plus qu'à quelques dizaines de mètres du sol. Je sens même l'odeur d'un champ de melons... Je rétabli l'assiette de l'avion et pleine puissance, je reprends de l'altitude. Plus tard, j'apprendrais que le silence d'une approche militaire signifie que la base est fermée et qu'il est donc possible de traverser son espace. Comme quoi, même avec presque dix centimètres d'épaisseur de cours théoriques appris sur le bout des ongles, il y a une sacrée différence entre le théorique et la pratique : jamais je n'avais lu cela quelque-part. Il me restait donc encore à apprendre, dont acte !

Et le vol n'était pas fini ! Enfin en approche sur l'aérodrome d'Aix les Mille, la tour de contrôle me signale un fort vent de travers avec des rafales à 45 nœuds. Je suis largement dans les limites de vol autorisé par le constructeur, voir au-delà, mais je me décide quand même à atterrir. Je n'ai plus trop le choix, j'atteins la limite des trois quarts d'heure de réserve de carburant obligatoires, et dans toute la région, le vent souffle fort sur tous les terrains environnants. Mon approche est folklorique : coupant ou remettant les gaz, selon l'humeur du mistral et de ses rafales, l'avion descend bien dans l'axe de la piste, mais avec un angle de plus de 35° entre l'axe de ce dernier et de la dite piste. Ce qui fait que je la visualise par ma fenêtre de gauche.


 
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Une si belle vie...
(1ère partie)


Nouvelle expérience inconnue jusqu'alors. Arrivé à quelques mètres du sol, je redresse l'avion par un grand coup de palonnier pour le remettre dans l'axe, crissement des pneus mécontents, mais l'avion atterrit dans une relative douceur ; tout s'est bien passé, ce fut même un jeu d'enfant après l'épisode de la barre rocheuse...



Norbert décide de quitter Barclay pour entrer chez Carrère. Je quitte donc Léo Missir et son label Riviera, Annie Marquant qui s'occupait de la promo et Patricia Carli qui avait jusqu'ici signé tous les tubes enregistrés et qui avait cette fibre rare de trouver les mots justes qui touchaient mon public.

Nous partons au Québec pour la promotion de mon premier album (de mon premier "long jeu" comme disent les québécois.)

Sûr du grand froid que nous allions affronter, je me suis équipé d'une collection de pulls, blousons et de deux manteaux. A mon grand étonnement, à l'arrivée, il fait encore meilleur qu'en France. Heureux de ne pas avoir à affronter les grands froids, nous nous installons dans un hôtel de luxe de Montréal, le Château Champlain.

Entré dans ma chambre, j'allume le téléviseur et n'en reviens pas de voir autant de chaînes. Nous français, avec nos deux chaînes nationales...

L'attachée de presse de RCA nous appelle le lendemain matin.

- Il a neigé, alors couvrez-vous ! Je vais être en retard, l'été indien est terminé, la circulation est difficile avec mon char* et en plus, la charrue** n'est pas encore passée, tabernacle*** ! (*Voiture - **Chasse-neige - *** Juron emprunté au vocabulaire de la religion catholique)