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Palais d'Hiver et Beatles



Notre intervention s’est bien passée, le public était satisfait (pas d’Ave Maria de sa part !), mais on sent bien que ce qu’ils attendent ce sont John, Paul, Georges et Ringo qui vont apparaître. La scène est couverte à un tiers, de chaque côté, de haut-parleurs, laissant le tiers du milieu pour les “Quatre Garçons”.

Je me glisse sur la scène derrière l’enceinte la plus centrale. Sur cette scène sont installés leurs amplis de guitares, des “VOX AC30" que les musiciens connaissent bien ; il y a aussi plusieurs guitares pour chacun d’entre eux, c’est le luxe, je n’en crois pas mes yeux. Au milieu de celles-ci se trouve la célèbre basse Hooner de Paul Mc Cartney.

Et soudain ils apparaissent. Le public se déchaîne dans la salle pleine à craquer et les “soutiens gorges” des jeunes filles volent dans un Palais d’Hiver laissé volontairement éclairé “pleins feux”, hurlant d’hystérie. C’est extraordinaire, ils sont à peine à quelques mètres de moi et, quelle chance, je les entends parfaitement bien. Je ne pense pas qu’il en soit de même dans la salle tellement ces trois ou quatre mille personnes crient, encore et encore, toujours plus fort.


 
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Palais d'Hiver et Beatles

Après un spectacle d’à peine plus de trente ou quarante minutes, ils disparaîtront aussi vite qu’ils sont arrivés. Pas de rappel. La salle se vide à une vitesse record et la foule envahit la rue située derrière la scène. J’en suis encore abasourdi par ces légendes que j’ai pu voir en chair et en os, par le son, par l’ambiance de cette foule déchaînée et de ce groupe mythique. Les rumeurs les plus folles circulent, ils sont déjà partis, en Rolls Royce disent les uns, en hélicoptère dit un autre, mais personne ne semble les avoir vraiment vus.

Dire que nous étions si fiers d’être dans le même spectacle, à présent nous nous regardons plus humblement, quelle leçon !

Nous traînons une grosse partie de la nuit dans le quartier de la gare Perrache, incapables de nous décider à allez dormir tant l’excitation reste à son comble. Nous nous projetons dans un avenir proche où nous serions (presque quand même) aussi connus qu’eux ; quelques secondes plus tard, le doute s’installe en nous et le quartier dans la nuit nous semble sinistre. Puis l’espoir revient sur un mot, une idée....