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Palais d'Hiver et Beatles


Quatre mois se passent et les grandes vacances approchent. Mon père ne semble malheureusement pas avoir oublié sa menace. En rentrant, un soir, il me remet un journal dans les mains, ouvert à la page « Emplois ».

Je comprends très vite ce que cela signifie. Je le prends et commence à chercher un job pour l’été. Mais yeux se posent immédiatement sur une ligne :

« MERLIN GERIN – Engageons personnel juillet + août pour atelier décoration - Salaire…. »

- « Papa, j’ai trouvé ! »

En fait d’atelier de décoration, il n’en avait que le nom. Dès le premier matin j’ai compris que la belle planque espérée n’était surtout pas celle là.

« TUUUT – TUUUT – TUUUT … » hurle la sirène.

- « Toi reste là, tu va nous aider à changer les cuves d’acides. Tiens, mets ces gants et les lunettes de protection. Et sois prudent, une seule goûte de cet acide sur ta main et tu pourras y voir à travers »





 
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Palais d'Hiver et Beatles


Une matinée dans cet atelier ! Le travail consistait en fait à tremper des pièces métalliques dans des bains d'acide pour les nettoyer de toute trace de rouille ou d'autre chose. Qu'est-ce qui aurait bien pu résister à ce traitement radical. Je rentre tout penaud à la maison et explique cela à mon père.

- « D’accord, mais demain matin, tu dois trouver un autre job »

Effectivement, le lendemain matin, je suis reçu par le chef d’atelier d’une autre usine qui m’explique mon nouveau travail dans les fours.

- « C’est pour faire rougir des objets moulés en poudre de métal, comme çà, après, les grains sont collés entre eux » me hurle-t-il dans le brouhaha ambiant. « Mais attention, il faut que les nacelles qui entrent dans le four arrivent régulièrement, sinon le four, y s'réchauffe mon gars et les pièces fondent. Et là, gare à tes fesses ! Pareil pour la sortie du four, si tu n’es pas là quand les nacelles ressortent, tout va se renverser par terre et là aussi gare à tes fesses…. Et n'oublie pas tes gants, sinon tes mains vont ressembler à un poulet rôti ! Allez, au boulot !»

Mais heureusement, je vais avoir des horaires sympas qui vont me laisser plein de temps, ils appellent çà les « trois huit ».