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La révolution Francaise



La fameuse "dernière" vient un peu égailler mon coeur. Ce jour-là, tous mes copains du théâtre fêtent joyeusement cet événement en parsemant de gags inattendus la représentation, mais toujours sans que le public ne puisse s'en apercevoir. Et ils me gâtent, espérant me faire oublier momentanément ma tristesse. Ma partenaire, qui dans toutes ces représentations avait eu deux ou trois fois une forte haleine et je m'en étais plein auprès d'elle, a volontairement mangé je ne sais quoi d'insupportable à sentir et se régale à chanter plus près que jamais de mon visage, tous pouffent de rire en coulisse devant sa savoureuse vengeance... Au moment où nous devrions avoir un autre duo en tête à tête, je la cherche en vain du regard pendant toute la chanson, ne la trouvant qu'en fin d'intervention, avec encore ces rires en coulisses : elle chantait sur un des balcons du théâtre... Les gardes, d'habitude pourtant fermes en me saisissant pour m'envoyer à l'échafaud, m'emparent avec une brutalité inouïe, me faisant décoller les pieds et m'y amènent, suspendu à trente centimètres du sol par leurs bras, en cachant mal leurs rires pour cette bonne blague... Je l'avoue, ce soir là j'ai aussi fauté par excès de gags envers mes compagnons ; oui, vraiment exagérément et de bon coeur? Ces moments auront été pour moi, salutaires et je leur en suis gré.

Le rideau tombe enfin sous les acclamations du public et cette succession de représentations qui me donnait, à tord, l'impression de pointer à l'usine, me manque déjà terriblement. Embrassades et prise de conscience que notre complicité ne sera plus sur ce plateau de théâtre, nous rentrons un peu triste que cette belle aventure soit terminée.



 
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CHAPITRE XVI


Une si belle vie...
(1ère partie)





Christian arrive sur les lieux
d'un spectacle en plein air